La coupe canadienne

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Sainte-Thérèse, Québec, le 31 mars 2010

Au cours du projet La visite avec Fritta Caro, une question s’est posée : pourquoi Elle se sent-elle au Canada et non pas au Québec?
Pendant la réalisation d’une résidence chez Praxis, à Sainte-Thérèse, j’ai essayé de réunir les conditions pour que cette question devienne un pont vers des rencontres, des moyens de comprendre nos confluences identitaires. La documentation graphique et les narrations, diffusées ici, sont de nouvelles interprétations des fictions issues de ces interventions. Elles mettent l’accent sur la nature des expériences, les possibilités ou non de rencontres dans des espaces communs, des lieux publics, ou privés, selon les dires des uns et des autres.

« Entre la salle d’attente et la coupe canadienne », Ste-Thérèse, Québec
Le 31 mars
Le lieu: le centre d’achat Plaza Ste-Thérèse

Le détournement de l’usage originel de cet espace a éveillé mon intérêt pour le lieu : la zone d’alimentation est utilisée comme salle d’attente pour les clients d’un centre de prélèvements ; le centre d’achat est à moitié vidé de ses commerces. Cet abandon produit chez le visiteur des sensations bizarres, celles de la décadence, de la tristesse, de l’étrangeté, de la fin, de la précarité. Après 13h, les couloirs de la plaza Ste. Thérèse se dépeuplent. Je suis donc allée là dans l’attente des conditions qui feraient en sorte qu’il y ait moins de surveillance, soit plus de possibilités de subvertir les normes des comportements typiques des centres d’achats.

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L’administration : Qu’est-ce que vous faites ? Fritta : J’attends. L’administration : Qu’est-ce que vous attendez? Fritta : Je vais me faire coiffer. L’administration : Avez-vous un rendez-vous ? Fritta : Oui. L’administration : Mais vous approchez les gens, vous les dérangez. Fritta : Non, ce sont les gens qui m’approchent. L’administration : Pouvez-vous tasser vos sacs ? Il faut que les gens puissent circuler confortablement.

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L’action a commencé avec l’apparition du personnage, dans la zone entre les toilettes et les comptoirs alimentaires. Fritta Caro avance et cherche à s’aligner sur l’accord silencieux des objets de cet espace. Elle désire la symétrie et voudrait être en harmonie avec ce qui est autour d’elle : structures architecturales, ensemble de tables, ornements, cabines téléphoniques, machines à bonbons… Son uniforme lui inspire la solennité, une marche lente et tenue. Elle s’avance au milieu des choses, entre les tables. Certaines personnes sont incommodées et s’éloignent. D’autres suivent la marche des yeux. Enthousiaste, un couple lui parle. Il veut savoir s’il s’agit d’une action artistique. Il a vu quelque chose de semblable lors d’un voyage touristique en Europe : des gens qui se déguisaient en statue, attendant que les visiteurs leur donnent de l’argent.
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La marche continue et une deuxième personne se montre intéressée. Elle commence une discussion. Cette personne perçoit dans mon intervention l’intention d’une recherche. Avant de lui répondre, un moment d’hésitation se produit : qui faire parler ? Le personnage ou moi-même ? Je ne voulais pas être en représentation devant lui, cet autre qui était l’objectif de ma démarche. Je n’avais pas planifié de réponses, je voulais laisser place à l’imprévu, provoquer une situation qui conduirait à n’importe quelle construction. Mais j’ai compris que quelque chose ne marchait pas, le personnage disparaissait aussitôt que s’entamait le dialogue.
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Au salon de coiffure – Vague de Paris
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Même si la coiffure à la Frida Kahlo était fondamentale à l’identité du personnage, le besoin de transformation s’est imposé. En dehors du contexte artistique, Fritta Caro était perçue autrement; un avatar de traditions lointaines, on le voyait comme la déviation d’une iconographie religieuse non définie. À Ste-Thérèse, Fritta s’offre à d’autres mains pour vivre une métamorphose, la quête d’une apparence plus canadienne, d’une intégration, un mimétismes impossible. La description de cette coupe était: Canada est tendance, la tendance est l’asymétrie.

Fritta Caro

Caméra: Sophie Castongay[:es]

Sainte-Thérèse, Québec, 31 de marzo 2010

Desde las primeras intervenciones con Fritta Caro un interrogante se impuso; ¿por qué ella se siente en Canadá y no en Québec?

Durante la realización de una resicencia en Praxis, Ste-Thérèse (Québec), intenté reunir las condiciones para que esta pregunta se convirtiera en puente, en encuentro, en una medio para comprender nuestra convergencia en la identidad. La documentación por medio de imágenes y relatos difundidos aquí acentuando la naturaleza de la experiencia, las posibilidades o no de encuentro en espacios comunes, en lugares públicos para unos y privados para otros; los centros comerciales.

« Entre la sala de espera y el corte canadiense », Ste-Thérèse, Québec
31 de marzo
El lugar; le centro comercial Plaza Ste-Thérèse

La alteración del uso original de este espacio despertó mi interés : la zona de alimentación es utilizada como sala de espera para un centro de exámenes médicos. La mitad de los locales comerciales están vacíos. Este abandono produce en el visitante de las sensaciones de decadencia, de tristeza, de extrañeza. Después de la 1pm, los pasillos del plaza Ste-Thérèse están solos. Dadas las condiciones del lugar, presentí que habrían más posibilidades de subvertir las normas de comportamiento típicos de los centros de comerciales.

La administración.

Pocos minutos después de la aparición de Fritta Caro en la « sala de espera » la admistradora se presenta para controlar la situación:

La administración: ¿Qué hace? Fritta : Espero. L’administration : ¿Qué espera? Fritta : me voy a hacer cortar el pelo. La administración : ¿Tiene cita? Fritta : SI. La administración : Pero usted se acerca a la gente, usted está molesta a la gente. Fritta : No, es la gente la que se me acerca. La administración : Corra los talegos, molestan la circulación de los clientes.

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Fritta Caro camina tímidamente desde el corredor entre los baños y la barra de la cafetería hacia la « sala de espera ». Ella avanza buscando alinearse con las paredes, muebles, materas, cabinas telefónicas, según el trato silencioso al que obedecen los objetos en el lugar. Ella desea la simetría y quisiera estar en armonía con lo que la rodea. Su uniforme le inspira una cierta solemnidad. Ella avanza en medio de las cosas, de las mesas. Algunas personas se siente incomodas, cambian de mesa. Otros la sigue con los ojos. Entusiasmados, una pareja le pregunta si es una acción artística como las estatuas vivientes que se ven en las ciudades turísticas europeas.

« Esa es hoy la tendencia que predomina en la producción artística masificada que, a través de los mass media, recibe una divulgación ubicua. Se trata, en una palabra, de una tendencia basada en esquemas conformistas, en la cristalización de formas y formalismos caídos en desuso, aunque enmascarados a veces con lenguajes en apariencia innovadores, y en una marcada preferencia por la « simetrización » en el caso de las artes visuales, por las armonizaciones tonales, en el de la música. Que quede muy claro que utilizo términos como « simétrico », tonal, armónico, en un sentido muy lato, entiendo por « simétrico » y « tonal »: ordenado, tradicional, equilibrado, sin sobresaltos, sin desviaciones, y viceversa. » Guillo Dorfles.
Ella sigue caminando y otra persona se muestra interesada. Comienza una discusión. Este hombre percibe en Fritta Caro la intención de una búsqueda. Antes de responderle, un momento de vacilación se produce: ¿ quién debe hablar? ¿ El personaje o yo misma? No quería estar en representación, esto traicionaría el objetivo del encuentro. No había planificado respuestas, quería dejar sitio a lo imprevisto, provocar una situación que conduciría a cualquier construcción. Pero comprendí que algo no funcionaba, el personaje desapareció tan pronto como empezó el diálogo.
Le salon de coiffure – Vague de Paris
Aunque el peinado a la Frida Kahlo era fundamental a la identidad del personaje, la necesidad de transformación se impuso. Aparte del contexto artístico, Fritta Caro fue percibida de otro modo; una referencia de tradiciones lejanas, la desviación de una iconografía religiosa no definida. En Ste-Thérèse Fritta se ofrece a otras manos para vivir una metamorfosis, la conquista de una apariencia más canadiense, de una integración, de un mimetismos imposible. La descripción este corte por la estilista es: Canadá es tendencia, la tendencia es la asimetría.

Fritta Caro

 

Cámara: Sophie Castongay[:]