Fritta Caro est née à Côtes-des-Neiges. Elle est créée à l’image et à la ressemblance de ce quartier de Montréal, lieu de concentration de diverses cultures étrangères. De toute la province du Québec, Côtes-des-neiges comme Parc Extension sont des quartiers où arrivent la plupart des nouveaux immigrants. Comme beaucoup d’eux, Fritta Caro doit composer avec de nouvelles lois, s’accommoder à un mode de vie inconnu et redéfinir les attentes de sa nouvelle vie.
Fritta Caro représente l’adaptation identitaire forcée : résidente permanente ou nouvelle citoyenne canadienne, elle porte une mémoire, une logique et des raisons existentielles inconnues par le gouvernement et la société d’accueil. Comme Cœur déphasé, son image laisse transparaître l’incohérence d’un cheminement d’intégration superficiel et l’adoption d’une identité factice.
« Mon nom est une affirmation. Fritta Caro surprend à celui qui ne me connait pas. On sourit. On se questionne. On me questionne et là, on parle d’art, de Frida et de moi. J’ai choisi le nom Fritta Caro comme une déclaration, comme une piste. J’ai toujours trouvé mon nom de naissance trop long, trop sucré, trop doux, trop féminin. Avec ce choix, on m’a dompté. Comme artiste, depuis que j’expose à Montréal, à plusieurs reprises, on a associé ma pratique à l’œuvre de Frida Khalo, ce qui a provoqué l’expression: « Frida me tiene frita » (Frida m’a frite). C’est pourquoi j’ai choisi le prénom Fritta, qui a la force et l’exotisme de Frida, l’artiste, et de l’adjectif qualificatif « frite », aux connotations de « flambé, frit, cuit », « foutu ». Le nom Caro s’est imposé ensuite par sa sonorité mais aussi par la signification « dispendieux »; payer cher pour quelque chose. Quoi ? Je ne suis pas sûre. Peut-être c’est le prix de l’immigration ou de l’innocence, ou le fait d’ignorer les codes locaux, ou le fait de ne pas intégrer une esthétique particulière. Peut-être que mes images ne dévoilent pas la maîtrise des langages visuels dominants dans le contexte artistique régional. Est-ce que mon travail n’est pas assez hybride? Alors, par manque de références, Frida Kahlo apparaît comme l’unique modèle et devient un filtre qui empêche d’aller plus loin dans la compréhension et l’appréciation de mon travail. Mes propositions se noient avant d’arriver.
C’est ainsi que Fritta Caro est le résultat d’un stéréotype imposé. Tous ceux qui me voient à travers Frida Kahlo sont en train de m’inventer. Je suis leur invention, habitée par le spectre de l’artiste mexicaine. En fin, Fritta Caro est le questionnement d’un cliché, devenu barrière pour une connaissance plus authentique d’autres femmes, d’autres artistes latino-américaines. »
Fritta Caro.
Fritta Caro nació en Côtes-des-Neiges. Ella está hecha a la imagen y semejanza de este barrio de Montreal donde conviven diversas culturas extranjeras. De toda la provincia del Québec, Côtes-des-Neiges y Parc-Extension son los barrios donde llegan la mayoría de los nuevos inmigrantes. Como muchos de ellos, Fritta Caro debe lidiar con nuevas leyes, acomodarse a un estilo de vida desconocido y redefinir sus expectativas sobre la nueva vida que comienza.
Ella representa la adaptación a una identidad forzada; residente permanente o nueva ciudadana canadiense, ella carga con una memoria, una lógica y razones existenciales desconocidas por parte del gobierno y la sociedad local. Como Corazón Desfasado, su imagen revela la incoherencia de un proceso de integración superficial y la adaptación a una identidad postiza.
“Mi nombre es una afirmación. Fritta Caro es un nombre que puede hacer reír como puede intrigar o incluso, irritar. A veces me preguntan de dónde viene y entonces, empiezo a hablar de arte, de Frida y de mi.
Yo escogí el nombre de Fritta Caro como una declaración, una pista. Como artista, desde que expongo mi trabajo en Montreal, la asociaciones frecuentes que se ha hecho con la obra de Frida Kahlo provocó esta expresión “Frida me tiene Frita”. De ahí mi nombre. El apellido, Caro, además de la conveniencia sonora se refiere al hecho de pagar mucho por algo, qué?, no estoy segura si se trata de la misma inmigración, o de la inocencia, o el ignorar códigos locales, o el no integrar una estética particular, quizás por no usar bien los lenguajes visuales dominantes en el contexto artístico regional. Entonces, por falta de opciones, Frida Kahlo aparece cómo el único referente y se convierte en un filtro que impide ir más lejos en la comprensión y apreciación de mi trabajo. Mis propuestas se ahogan antes de llegar.
“Fritta Caro” es el resultado de un estereotipo, de una ficción. Todos lo que me ven a través de lo poco o mucho que conocen de Frida Kahlo me están inventando, yo soy una ilusión habitada por el espectro de la artista mexicana. Soy el cuestionamiento a un cliché que impide un conocimiento profundo, auténtico de otras mujeres, de otras artistas latinoamericanas”.
“No me inventes”
Fritta Caro