Le 14 avril, Sainte-Thérèse, Québec
Durée: 2 heures
Le lieu
Photographe: Douglas Scholes
Le 14 avril, l’action a débuté avec les menaces de l’administration. Mes possibilités d’actions se sont réduites à ce que je pouvais faire silencieusement assis à une table, en train de boire un café. L’interaction était limitée. Cette table est devenue alors atelier.
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L’action a été interrompue une deuxième fois par l’administratrice du centre d’achat, qui a appelé la police. Deux hommes en uniforme se sont présentés. L’un d’entre eux a dit que le lieu était privé et que l’administration avait le droit de mettre dehors qui elle voulait.
L’administratrice a exigé que je ne revienne plus que pour acheter et que je sois habillée « normalement » et que je n’apporte pas « ces » sacs-là. La police nous a raccompagnés, le photographe et moi, à la porte.o
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Courriel du 10 mai 2010
Bonjour Helena,
J’espère que ton périple à Sainte-Thérèse te permet de belles, d’intéressantes et de profondes explorations. Nous avons discuté hier midi sur le tapis de Giorgia. Tu m’as parlé de l’accueil policier à la Plaza Sainte-Thérèse. J’en ai été troublé, découvrant avec toi notre immense trou d’insécurité qui paralyse et caractérise le banlieusard. Je me suis senti interpelé. On dirait que le vieillissement nous accroche une cloche au pied: la peur.
Cela m’a rappelé un poème que j’avais écrit il y a une quinzaine d’années. Je te le confie, en mémoire de notre courte conversation que nous reprendrons un jour. Car comme tu le sais la peur et l’insécurité conduit à la guerre. Autant la vider de son absurdité par la performance des artistes et leurs réalisations.
Poursuis ton œuvre, elle est essentielle pour nous révéler nos identités multiples et l’insécurité qui fait partie dorénavant de ton expression artistique.
Bonne fin de séjour ici. On se revoit le 10 juin.
Amitiés
Vincent
LE TEMPS FINI je suis dans le temps fini |
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nnn | souffrant des mêmes maux respirant le même air soumis aux mêmes impôts que le voisin je suis dans le temps fini de l’existence la peur a fait son chemin dans mon cerveau d’homme où je suis vieux comme un musée je suis mon voisin qui s’arme et s’assure de polices pour l’éternitédans le temps fini Dieu n’existe que pour faire gager les joueurs et pour les salaudscurieux paradoxe de celui qui intente une poursuite à Dieu devant le tribunal de qui pour plaider quoiquand je m’éloigne des attroupements que je feigne la solitude des idées me rattrapent je m’invente une autre façon d’être à deux dans un bonheur de bocalleo8 janvier 1995 © Vincent Arseneau |